La gestion des terrils des mines de potasse et son impact sur l’environnement : Exemple des terrils d’Ensisheim
Pendant près de cent ans (1910 à 2002), les mines de potasse d’Alsace (MDPA) ont exploité l’unique gisement de sylvinite (KCl + NaCl) français pour en valoriser le KCl, composant essentiel des engrais. En effet, les plantes ont besoin d’un apport minéral régulier en azote (N), phosphore (P) et potassium (K). Ce dernier élément est apporté sous forme de chlorure de potassium (KCl) que les agriculteurs appellent « potasse ». Le minerai de « potasse » alsacien est formé d’une alternance régulière de lits centimétriques de sel gemme blanc (NaCl), de sylvinite rose et de marnes grises. Il contient environ 25% de KCl, 60% de NaCl et 15% d’insolubles (marnes et anhydrite). Le minerai extrait était broyé puis ses constituants séparés. Seul le KCl était commercialisé et tous les résidus de fabrication étaient stockés sur des terrils à proximité des sites d’exploitation. Ainsi trois terrils ont été constitués à Ensisheim avec une teneur en sel très différente d’un terril à l’autre : le terril d’Ensisheim Est était constitué essentiellement de sel tandis que les terrils Nord et Ouest étaient surtout formés de résidus de marnes et d’anhydrite.
Mécanisme de pollution de la nappe phréatique
Tous les terrils ainsi formés contenaient du sel en plus ou moins grande quantité. Le lessivage de ces reliefs par les eaux de pluie a provoqué l’infiltration d’eau chargée en sel dans le sous-sol et petit à petit à l’apparition d’une langue salée dans la nappe phréatique. Une véritable pollution saline dépassant largement le seuil de potabilité s’est installée dans la nappe phréatique alsacienne en aval du Bassin potassique, à partir des 15 terrils des MDPA.
Neutralisation de la pollution
Les deux techniques développées par les MDPA pour neutraliser l’infiltration due aux terrils :
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la dissolution accélérée Elle est utilisée pour les terrils très riches en sel. Il s’agit d’accélérer le phénomène de dissolution avec des arrosages puissants tout en collectant les saumures obtenues pour faire disparaître le sel présent dans le terril.
- L’étanchement-végétalisation Utilisée pour les terrils pauvres en sel, cette technique permet d’isoler les terrils des précipitations en confinant le sel sous une couverture étanche qui empêche sa dissolution et son infiltration.
Ensisheim Nord Petit terril, peu riche en sel, qui s’était déjà couvert d’une végétation dense. Il a fait l’objet d’une simple végétalisation en 1998 qui absorbe les pluies en limitant la dissolution du sel.
Ensisheim Ouest Grand terril peu riche en sel qui a fait l’objet de travaux d’étanchements et de végétalisation entre 1998 et 2000, suivis d’une surveillance de trois ans. Le terril a été remodelé avec des plateaux et des pentes de 27° séparés par un réseau de drainage puis recouvert d’un niveau étanche d’argile et enfin d’une couche de terre végétalisée (herbes et plantes à racines peu profondes non perforantes)
Ensisheim Est Grand terril formé essentiellement de sel (1160 kilotonnes à l’origine) qui a été entièrement dissout entre 1994 et 2001 par des arrosages puissants. Ensuite le terrain a été totalement aplani pour permettre sa réhabilitation. La première réalisation a été une salle multisports : le duopole.
Impact sur l’environnement
L’exploitation de la potasse a été à l’origine de la pollution saline de la nappe phréatique. L’entreprise responsable (les MDPA) a conduit, dès 1995, une lutte contre cette pollution par divers moyens : neutralisation des terrils, puits de fixation et évacuation des saumures par un canal (le saumoduc). Ces mesures ont été efficaces car la langue salée a fortement diminué et les MDPA prévoient un retour à la normale des eaux de surface de la nappe en 2014 et des eaux profondes en 2027.