Bergheim : sur le terrain
La carrière du Kantzerlberg se localise dans le champs de fracture de Ribeauvillé.
Extrait de la carte géologique (BRGM) de Colmar au 1/50000ème . La flèche indique la position de la carrière
En avançant dans la carrière vers le front de taille, l'élément le plus frappant est la présence d'un très beau contact anormal situé au niveau d’une faille
Figure 1 : Vue du front de taille de la carrière
Elle sépare :
- à l’ouest, le conglomérat (des galets de calcaire oolithique du Bajocien et de calcaire du Muschelkalk, des galets de grès triasique, pris dans une matrice argilo-sableuse), dont les éléments présentent une hétérométrie ce qui traduit des dépôts de torrents situé à proximité de la source,
- à l’est, le calcaire oolithique blanc à patine ocre. Ce calcaire fortement fracturé renferme de nombreux restes de fossiles (bivalves, crinoïdes, oursins). Certains plans de fracturation présentent des stries horizontales témoins de mouvements tangentiels qui s'ajoutent aux mouvements verticaux dus à l'effondrement du fossé.
Dans la partie contiguë à la faille, le calcaire oolithique montre des dissolutions et des formes karstiques.
« La Grande Oolithe » date du Bajocien supérieur (-178 Ma à – 170 Ma), elle présente des strates redressées presque à la verticale et des bancs décimétriques à métriques, découpés en blocs. Ce découpage est lié à la tectonique du Tertiaire. Les restes de la vie animale marine se déposent petit à petit sur le fond de la mer. Dans les courants marins, des petits grains de sable ou morceaux de coquille roulent au fond de l’eau et se couvrent doucement de calcaire (un peu comme une boule de neige qui grossit en roulant). Cela forme des petites billes de calcaire de 1 à 2 mm que l’on appelle des oolithes (oolithe vient du grec ôon qui signifie « oeuf » et lithos qui signifie « pierre ». La cimentation de ces oolithes par de la calcite (minéral du calcaire) donne le calcaire oolithique.
Le conglomérat est daté du Lattorfien, début de l’Oligocène (-34 Ma à -23 Ma).
Les conglomérats obéissent au principe de la sédimentation inverse : les niveaux les plus récents contiennent des galets de matériel le plus ancien. Les galets sont d'origine torrentiel, fluviatile, plus ou moins arrondis (certains pas du tout), de taille variable (du mm au m) ; mal triés, ils comprennent toute la gamme des terrains anté-bathoniens (cependant les galets de socle y sont rares).
Les conglomérats dits "côtiers" et les marnes interstratifiées sont les produits grossiers du démantèlement de la couverture sédimentaire qui recouvrait complètement les Vosges (et la Forêt Noire). Ils témoignent de l'érosion active des reliefs proches (à l'Ouest) consécutifs à l’effondrement du fossé. Les sédiments détritiques sont transportés par des cours d’eau qui ont entaillé profondément le relief en formant des canyons et se déversent, mal triés, dans le fossé en formant des "fan delta". La sédimentation devient de plus en plus fine au fur et à mesure qu’on s’approche du centre du fossé.
L'accident principal est une faille normale qui a un pendage d'environ 45° d'est en ouest.
L’extension au tertiaire a provoqué la fracturation des roches et la formation de failles normales, d’un rift et donc d’une dépression au centre. L’érosion sur les reliefs les plus hauts a entrainé les débris de roches vers la dépression, plus à l’Est ici. Les cônes alluviaux se sont donc déposés sur les compartiments affaissés, relativement préservés de l’érosion. Sur les collines sous-vosgiennes on retrouve donc la série sédimentaire complète du secondaire, surmontée des dépôts tertiaires composés d’un conglomérat fait à partir du décapage de la série sédimentaire située plus haut.